Whiplash
Mercredi 18 mars à 20h30, ce film, ouvert à tous, est gracieusement offert aux coopérateurs ainsi qu’aux Amis du Royal.
A dix-neuf ans, Andrew Neyman (Miles Teller) rêve de devenir l’un des plus grands batteurs de jazz de sa génération. Admis au prestigieux conservatoire de Manhattan, comme le fût le pianiste Herbie Hancock en son temps, il s’entraîne sans relâche, sacrifiant tout à son ambition.
Malgré une concurrence acharnée, il est repéré par l’illustre Terence Fletcher (J.K. Simmons) Débute alors une quête d’excellence qui dégénère peu à peu en affrontement avec ce terrible professeur, qui pratique une véritable pédagogie de la manipulation, jusqu’au sadisme…
Avec ces deux personnages qui vont chacun à leur manière dans l’excès, le cinéaste américain Damien Chazelle a réussi un premier long-métrage de fiction impressionnant de maîtrise qui, à l’en croire, n’est pas si éloigné de la réalité… Drame de la volonté de se surpasser à tout prix, ce thriller «musical» a été primé dans nombre de festivals. C’est tout simplement l’un des meilleurs films de l’année 2014!
Adeline Stern
Le Chant de la Mer
Ben et Maïna ont eu le grand malheur de perdre leur maman dans des conditions restées mystérieuses. Depuis lors, ils vivent avec leur père, tout en haut d’un phare sur une petite île. Un jour, pour leur bien, leur grand-mère décide de les emmener vivre à la ville.
Ben découvre alors que sa petite sœur est une «selkie», une fée de la mer dont le chant magique peut délivrer tous les êtres du mauvais sort que leur a jeté la Sorcière aux Hiboux. Prêt à tout pour l’aider à accomplir son destin, le garçon s’enfuit avec elle…
Réalisé par le cinéaste irlandais Tomm Moore, réalisateur de l’admirable «Brendan et le secret de Kells» (2010), ce dessin animé réparateur, inspiré de contes et légendes qui ont bercé l’enfance du cinéaste, s’avère tout simplement sublime. Par sa simplicité et sa beauté contemplative, il sera à même d’enchanter toute la famille… Bref, le dessin animé de Noël à ne rater sous aucun prétexte!
Vincent Adatte
Le Hobbit : La Bataille des Cinq Armées (3D)
Pour mémoire, Tolkien avait imaginé le conte de «Bilbo le Hobbit» pour amuser ses propres enfants. Paru sous la forme d’un roman en 1937, cet ouvrage de «fantasy» obtint un tel succès critique et public que l’écrivain en conçut une suite plus adulte, intitulée «Le Seigneur des anneaux».
Fort des Oscars et des milliards engrangés par les exploits répétés de la Communauté de l’Anneau, Peter Jackson s’est décidé, dès 2012, à porter à l’écran la préquelle fondatrice des Hobbits sous la forme d’une nouvelle trilogie, déployant à nouveau ce sens inouï du spectacle épique qui est sa griffe.
Au cours de ce troisième et dernier volet très attendu, le spectateur va découvrir la fin du périple combien périlleux du brave Bilbon Sacquet qui a atteint la très convoitée Montagne Solitaire. Le Hobbit va dès lors s’employer à unir Nains, Elfes et Hommes pour lutter contre les Wrags et les Orques galvanisés par le Nécromancien et les puissances obscures de Sauron…
Vincent Adatte
Le Père Noël
A six ans, Antoine (Victor Cabal) désire plus que tout revoir son père décédé, qu’il croit être au ciel, sur une étoile. Pour le rejoindre, il rêve de voler à bord du traîneau du Père Noël. Advient la nuit fatidique, au cours de laquelle apparaît à sa fenêtre l’homme providentiel.
Naïvement, le petit garçon pense qu’il va enfin pouvoir exaucer son souhait. Hélas, sous le traditionnel costume rouge et blanc se cache un cambrioleur (Tahar Rahim), qui profite de l’innocence de l’enfant pour en faire son complice. Le duo se met alors à écumer les appartements des beaux quartiers, à la recherche de bijoux à mettre dans la hotte.
Malgré toute sa détermination, Antoine se révèle toutefois un bien piètre monte-en-l’air, même si son mentor se prend peu à peu d’affection pour lui… Après l’imprononçable «Eyjafjallajökull», le réalisateur Alexandre Coffre nous propose un conte tendre qui égratigne en douceur les trop belles histoires de Noël!
Adeline Stern
Paddington
A la veille des fêtes de Noël 1956, l’écrivain Michael Bond découvre un ours en peluche esseulé dans la vitrine d’un magasin londonien. Attendri, il l’achète pour l’offrir à sa femme, après lui avoir donné le nom de la gare la plus proche, Paddington. Le plantigrade inspire en outre à Bond une série d’historiettes qui va enchanter des générations d’enfants anglo-saxons.
Transposant pour la première fois ses facéties au cinéma, le réalisateur et musicien anglais Paul King raconte par le début son étonnante destinée… Un beau jour, voilà qu’un ours péruvien débarque à la gare de Paddington, flanqué d’une valise élimée, d’un pot de marmelade presque vide et d’une pancarte où il est écrit «S’il vous plaît, prenez soin de cet ours, merci».
Sur le quai, la famille Brown s’émeut de son sort et recueille l’exilé qui va lui en faire voir de toutes les couleurs, sans compter les mauvais tours d’une taxidermiste jouée par Nicole Kidman… Pour toute la famille, un conte optimiste dont l’humanisme tendre donne chaud au cœur!
Adeline Stern
National Gallery
Figure de proue incontestée du cinéma documentaire direct, le cinéaste américain Frederick Wiseman développe depuis un demi-siècle une œuvre prolifique, aussi passionnante qu’improvisée, procédant par immersion dans la réalité qu’il a décidé de capter, sans aucun commentaire.
Révélé dès 1967 par «Titicut Follies» qui, littéralement, nous «enfermait» dans un asile d’aliénés réservé aux criminels, Wiseman a appliqué cette démarche à des institutions très diverses, comme La Comédie-Française, le zoo de Miami, une agence de mannequins, un lycée de Harlem, etc.
Cette fois, avec «National Gallery», le réalisateur dévoile le célèbre musée londonien sous toutes ses coutures, des salles d’exposition à l’atelier de restauration, sans oublier les séances d’un conseil d’administration en proue au «new management». Il n’en oublie pas pour autant les visiteurs qui se rendent ici comme dans un lieu de culte, encadrés par des guides à l’éloquence merveilleuse.
Vincent Adatte
Love is Strange
Pour Ben (John Lithgow) et Georges (Alfred Molina), tout semble aller pour le mieux! Homosexuels new-yorkais à la maturité épanouie, ils s’aiment encore après quarante ans de vie commune. Pour officialiser leur relation, ils se marient devant leurs amis réunis, comme le leur permet désormais la loi.
Las, Georges, le plus jeune des deux, est convoqué par le directeur du lycée catholique où il travaille comme professeur de musique. Le malheureux est licencié avec effet immédiat car des photos de leur cérémonie de mariage ont fuité via Facebook. A la retraite, Ben ne gagne pas assez pour subvenir aux besoins de leur couple.
Dans l’attente de trouver un logement de moindre coût, les deux hommes se séparent et sont hébergés par des amis dont ils supportent mal la promiscuité… Ira Sachs filme ce petit drame provisoire avec une limpidité bouleversante, sans se départir de l’optimisme qui sied à ceux qui savent que les mentalités sont en train de changer… Un petit bijou d’émotion contenue!
Adeline Stern
Night Call
Arnaqueur minable, Lou Bloom (Jake Gyllenhaal) découvre par hasard l’activité très lucrative de paparazzi de bas étage, qui s’agglutinent aux abords des scènes de meurtres et des accidents de la circulation, dans l’espoir d’arracher des images choc qu’ils vendront à prix d’or aux chaînes de télé locales de Los Angeles.
La concurrence est rude, mais Lou finit par faire sa place au sein de cette confrérie de pseudo-journalistes totalement déconnectés de la souffrance humaine. Au volant de sa grosse cylindrée, il devance souvent les flics sur les lieux du crime, où il n’hésite pas à faire œuvre de mise en scène, histoire de rendre ses images encore plus vendables…
De fait, ce polar hallucinant de suspense pose un véritable jugement moral sur la dérive sensationnaliste des médias qui ont rayé le mot déontologie de leur lexique… «Imaginez notre JT comme une femme hurlant dans la rue avec la gorge tranchée», tel est le conseil donné à Lou par la directrice de la chaîne à laquelle il «deale» ses images.
Vincent Adatte
La French
Nous sommes en 1975. Gaëtan Zampa (Gilles Lellouche) règne en maître sur Marseille. A la tête de la French Connection, ce parrain redouté exporte impunément une héroïne de qualité aux Etats-Unis, jusqu’au jour où un jeune magistrat se met en tête de démanteler son «petit» commerce très profitable.
Juge des mineurs venu de Metz avec femme et enfants, Pierre Michel (Jean Dujardin) a pu voir de ses propres yeux les ravages de la drogue sur les jeunes. Il en a conçu la plus vive aversion pour les notables du milieu qui en tirent profit. Nommé au Grand Banditisme, il s’attaque à Zampa qui bénéficie de protections ordonnées en très haut lieu…
Le second long-métrage du jeune cinéaste marseillais Cédric Jimenez s’inscrit dans la tradition des grands films policiers à la française, façon Jean-Pierre Melville et Claude Sautet. En résulte un polar vintage de grande tenue, porté par deux grands comédiens dont le «duel» vaut à lui seul le déplacement!
Adeline Stern
Vie sauvage
Inspirée de l’histoire vraie de la famille Fortin, le nouveau long-métrage du réalisateur des «Regrets» et «Une vie meilleure» raconte comment un père tente de soustraire ses enfants à la société, pour les élever en semi-autarcie dans la nature.
Larguée par sa femme (Céline Sallette), lassée de vivre dans une caravane pourrie, Paco (Mathieu Kassowitz), en rébellion contre la société consumériste, fuit avec ses deux enfants pour mener une «vie sauvage» plus en accord avec ses convictions, le plus loin possible de la «civilisation»…
A raison, Cédric Kahn prend le parti des enfants, dociles et manipulés quand ils sont petits, plus indécis à l’adolescence, tiraillés entre leurs père et mère perclus de haine l’un envers l’autre. Il ne fait pas non plus mystère de l’âpreté de l’utopie de la décroissance poursuivie envers et contre tout par Paco, jusqu’auboutiste triste, qui en perdra son statut de «héros» aux yeux de ses gosses… Un film profond qui donne à réfléchir!
Vincent Adatte