À neuf ans, Shula est accusée d’être une sorcière. La petite est laissée aux soins de ses semblables, toutes plus âgées. Reliée comme elles par un grand ruban à une bobine géante afin de les empêcher de s’envoler, la gamine doit travailler dans les champs et sourire aux touristes. Repérée par un haut fonctionnaire, Shula, au nom des pouvoirs occultes qu’on lui prête, est appelée à rendre la justice où à s’exhiber à la télévision.
Premier long-métrage d’une jeune cinéaste zambienne, « I Am not a Witch » a la puissance de la fable… tour à tour drôle et révoltante, mais aussi d’une tendresse infinie envers sa protagoniste à l’enfance bafouée. Une réussite !

Adeline Stern

En 1964, les Etats-Unis sont encore en pleine guerre froide. Muette et solitaire, Elisa (Sally Hawkins) travaille comme femme de ménage dans un laboratoire gouvernemental tenu secret. Un jour, elle voit arriver un caisson contenant une étrange créature amphibie…

Couronné à Venise, le réalisateur mexicain Guillermo del Toro (« L’Echine du diable », « Le Labyrinthe de Pan ») revisite avec « La Forme de l’eau » le film de monstre sur le mode de conte de fées pour adultes.

En résulte une véritable parenthèse enchantée, où triomphe un magnifique message d’espoir et de tolérance, qui tranche sur notre époque dangereusement régressive… Assurément, notre coup de cœur !

Adeline Stern

Au milieu des années 1980, les téléspectateurs belges découvrent « Strip-Tease », une émission d’un genre nouveau, qui déshabille le quotidien de petites gens atypiques du Plat Pays.

Son producteur, Jean Libon, et l’un de ses réalisateurs, Yves Hinant, passent aujourd’hui au format long avec « Ni juge, ni soumise », un documentaire incisif et grinçant, qui s’immisce dans le bureau d’Anne Gruwez, une juge d’instruction bruxelloise haute en couleur.

Difficile à attendrir, Madame la juge rend ses jugements avec une assurance et un détachement parfois déconcertants… En résulte un condensé formidable de comédie humaine, qui dévoile le prétendu homo sapiens dans toute son ambivalence.

Vincent Adatte

Le 17 mars à 18h, le film sera suivi d’une discussion avec le réalisateur puis du verre de l’amitié.

Dans les années cinquante, la Soleuroise Katarina von Arx entreprend un tour du monde sans un sou en poche. Elle en tire un récit de voyage qui en fait une célébrité en Suisse où son indépendance d’esprit marque les esprits.

En Polynésie, Katarina rencontre le journaliste et photographe français Freddy Drilhon. Épris l’un de l’autre, ils rentrent au pays et acquièrent le prieuré de Romainmôtiers, alors en ruine. Von Arx se voue corps et âme à la restauration du bâtiment, alors que Freddy y étouffe…

Restituée sur le mode de la docu-fiction par le Haut-valaisan Wilfried Meichtry, une histoire d’amour hors normes qui ne laisse pas de fasciner !

Vincent Adatte

Depuis « There Will Be Blood » (2008), le cinéaste américain Paul Thomas Anderson s’est imposé comme l’un des grands réalisateurs du moment.

Après la dérive sectaire de « The Master » (2013) et « Inherent Vice » (2015), faux polar hippie, il atteint une fois encore les sommets avec « Phantom Thread »… Dans les années cinquante, Reynolds Woodcock (Daniel Day-Lewis), couturier londonien de haut vol, habille stars, nantis et membres de la famille royale.

Après avoir congédié sa conquête du moment, Woodcock jette son dévolu sur une jeune serveuse (Vicky Krieps) dont il veut faire une muse obéissante. Mais son modèle va se révéler fort peu docile, jusqu’à lui enseigner tout l’art du lâcher-prise…

Vincent Adatte

Un jeune migrant se fait tirer dessus alors qu’il traverse illégalement la frontière. Blessé, Aryan découvre qu’il a un pouvoir inattendu. Jeté dans un camp de réfugiés, il s’en échappe avec l’aide du docteur Stern qui nourrit le projet d’exploiter son don…

Menée avec une science inouïe de la mise en scène, à la lisière du thriller et du fantastique, cette fresque sociale aux accents prophétiques fait indéniablement mouche.

Auteur des déjà sidérants « Delta » (2008) et « White God » (2014), le Hongrois Kornél Mundruczó exprime ici toute sa colère face aux violences et à l’exploitation dont sont victimes les migrants dans son pays. Indispensable !

Adeline Stern

Faisant un tabac aux Etats-Unis, malgré une campagne nauséabonde de l’extrême-droite raciste, le très spectaculaire « Black Panther » constitue le premier blockbuster cent pour cent « black power ».

Revenu pour occuper le trône du Wakanda, une nation africaine technologiquement très avancée, T’Challa (Chadwick Boseman), alias la Panthère noire, doit faire face aux menées subversives d’un activiste un brin énervé (Michael B. Jordan), qui veut armer ses frères opprimés de par le monde…

Truffé d’effets spéciaux dernier cri, du grand spectacle mené tambour battant par le premier super héros noir des éditions Marvel !

Vincent Adatte

Le 13 mars à 20h, le film sera suivi d’une discussion avec la réalisatrice puis du verre de l’amitié.

Depuis des années, la cinéaste canado-suisse Léa Pool (« Le Papillon bleu », « Maman est chez le coiffeur », « La passion d’Augustine ») nous dispense son art subtil de l’exploration de l’identité féminine.

Montréal. À quatorze ans Aïcha (Sophie Nélisse) brûle d’aimer et d’être aimée. Jetée à la porte par sa mère, elle fait la connaissance de Baz (Jean-Simon Leduc), un homme bien plus âgé, dont elle tombe follement amoureuse…

Avec la pudeur et l’acuité qu’on lui connaît, la réalisatrice de « Anne Trister » réussit le portrait tout en nuances d’une enfant perdue qui cherche désespérément soutien et attention… Bouleversant !

Vincent Adatte

Initiée en 2010 avec une jolie ribambelle de démons hideux, la saga « Insidious » propose une quatrième variation terrifique qui vaut son pesant de chair de poule !

On y retrouve Elise Rainier (Line Shaye), brillante parapsychologue, qui va avoir à faire à très forte partie, le jour où une malheureuse famille du Nouveau-Mexique fait appel à ses dons médiumniques.

Flanquée de ses deux aides, Elise accourt pour découvrir que ladite famille habite dans la maison de son enfance, celle-là même où une créature fort peu amène lui avait causé bien des tourments, alors qu’elle n’était qu’une gamine… Brrr !

Vincent Adatte

Fils d’agriculteurs, le réalisateur britannique Francis Lee a vu son premier long-métrage primé aux festivals de Sundance et Berlin. À juste titre, tant « Seule la terre » impressionne !

Homosexuel inhibé, Johnny travaille du matin au soir dans la ferme de son père, diminué suite à une crise cardiaque. Le jeune paysan soigne son mal-être en se saoulant au pub et en s’adonnant à des aventures sans lendemain.

Jusqu’au jour où Gheorghe, un saisonnier roumain, vient travailler quelques semaines au domaine, inspirant à Johnny un sentiment qu’il n’avait encore jamais ressenti, promesse d’un avenir soudain redevenu possible…

Vincent Adatte