Avez-vous déjà rencontré dans vos pérégrinations sylvestres un Gruffalo ? Non ? Il est pourtant aisément reconnaissable avec ses oreilles toutes crochues, une affreuse verrue sur le bout du nez, des griffes acérées et des dents très aiguisés. Cela ne vous dit toujours rien ?

Alors, ne manquez pas d’aller avec vos plus jeunes enfants à la rencontre de ce gentil monstre … Comment ? Au cinéma, par le biais de deux courts-métrages aussi poétiques que formateurs.

Ces deux perles du cinéma d’animation européen sont assorties d’un avant-programme tout aussi enchanteur, un dessin animé où un crocodile s’efforce de glaner des bonbons d’Halloween.

Pour le plus grand plaisir de toute la famille, Nicolas Vanier (« Donne-moi des ailes ») porte à l’écran les aventures de Poly le poney, nées de la plume de Cécile Aubry, dont il avait déjà adapté « Belle et Sébastien ».

À dix ans, Cécile doit déménager dans le sud de la France avec sa mère, Louise. L’intégration avec les autres enfants du village n’est pas facile, jusqu’au jour où un cirque de passage plante son chapiteau dans les parages.

Hélas, la fillette découvre que le poney qui en est la vedette est rudoyé par son dresseur. Elle conçoit alors le plan audacieux de faire évader l’animal maltraité… 

Mère infernale chez Claude Chabrol (« L’Ivresse du pouvoir »), incestueuse chez Christophe Honoré (« Ma mère ») ou abandonnée chez Mia Hansen-Løve (« L’Avenir »), Isabelle Huppert sait tout l’art d’incarner les mamans quinquagénaires désabusées. 

Dans « La Daronne », l’actrice allie les facettes de femme célibataire et dealeuse à temps partiel… Interprète judiciaire franco-arabe à Belleville, Patience Portefeux a du mal à joindre les deux bouts. 

Veuve, Patience a élevé seule ses filles et se retrouve avec sa vieille mère à charge. Amenée à traduire les écoutes téléphoniques de trafiquants de cannabis, elle a alors une idée audacieuse… Une comédie pince-sans-rire et insolente, à l’image de son héroïne.

Intitulé à l’origine « Magari » (« Si seulement »), le premier long-métrage de la cinéaste italienne Ginevra Elkann, situe son action dans les années 80, au cours desquelles a commencé le processus de délitement de sa cellule familiale. 

Trois enfants de parents divorcés sont forcés de passer Noël au bord de la mer avec leur père, un cinéaste fauché, qui doit réécrire d’urgence son scénario refusé par ses producteurs. 

Douce-amère, cette « comédie à l’italienne » est souvent très drôle à l’exemple de sa plus jeune protagoniste qui entretient envers et contre tout le fantasme d’une famille unie… tutti ensieme (tous ensemble) !

Samedi 10 octobre à 18h, le film sera suivi d’une discussion avec les cinéastes.

Après y avoir présenté leur premier long-métrage, le fascinant « Rio Corgo », situé à la lisière du réel et de la fiction, Maya Kosa et Sergio Da Costa reviennent au Royal avec « L’Île aux oiseaux », l’un de nos coups de cœur de l’année.

Salué à Locarno, leur nouveau documentaire s’attache aux pas peu assurés d’Antonin, un jeune marginal en stage dans un centre où des laissés-pour-compte recueillent et soignent les oiseaux blessés par les avions de l’aéroport de Genève.

En son for intérieur, Antonin espère que ses protégés revolent un jour de leurs propres ailes. Se tisse ainsi une métaphore aussi douce que foudroyante… Du grand cinéma, pétri d’humilité et d’humanité !

Samedi 10 octobre à 18h, le film sera suivi d’une discussion avec les cinéastes.

On connaît le goût de la réalisatrice de « Comment j’ai tué mon père », « Nettoyage à sec », et « Coco avant Chanel » pour les genres cinématographiques. Se serait-elle mise, avec ce dix-huitième long-métrage, aux commandes d’un polar ? 

Si le récit prend pour cadre un commissariat, la mission que se voient confier Virginie (Virginie Efira), Aristide (Omar Sy) et Erik (Grégory Gadebois) ne semble être que prétexte à raconter d’autres choses, plus profondes.

Tiré du roman de l’écrivain Hugo Boris paru en 2016, « Police » aborde un sujet d’actualité brûlant – le renvoi forcé à la frontière d’un demandeur d’asile qui risque peut-être la mort dans son pays – en se plaçant à hauteur de ses trois protagonistes en plein dilemme. 

Est-ce que l’amour est libre ? Pour Sara et Olaf, il n’est plus possible de fuir la question. Reclus dans une chambre de motel après un de leurs concerts, les deux musiciens tentent maladroitement de sauver leur relation tumultueuse… 

Le duo Cadavre Exquis formé de Viola von Scarpatetti et Simon Pelletier-Gilbert ont imaginé une forme de ciné-concert aussi inédite qu’excitante.

Viola et Simon ont en effet tourné un film qui restitue une relation d’amour complexe et est projeté alors qu’il·elle interprètent sur scène des chansons de leur composition, en lien avec l’action. En résulte une expérience à la fois scénique et filmique unique en son genre !  

Après « Bella e perduta », où Pulcinella, bouffon épuisé de la commedia dell’arte, s’efforçait de sauver une bufflonne des abattoirs, Pietro Marcello transpose dans la baie de Naples industrieuse du milieu du 20e siècle « Martin Eden », le célèbre roman de Jack London publié en 1909. 

Un jeune marin sans éducation a le coup de foudre pour une jeune fille de la haute bourgeoisie. Pour la séduire, Martin veut acquérir la culture nécessaire, ambitionnant de devenir écrivain. 

Mêlant fiction, images d’archives et canzonette de variétés, le cinéaste, à dessein, ne date pas précisément l’époque de son récit, faisant planer une incertitude qui ne lasse pas de fasciner. L’un des chefs-d’œuvre de la rentrée !

Il est poilu, débonnaire et écolo : Bigfoot, sorte de yéti très attachant, était déjà la vedette d’un premier dessin animé en 2017, intitulé « Bigfoot Junior ». Cette fois, notre yéti se bat en famille (une femme, un fils, un ours et des ratons laveurs) contre d’infâmes exploitants pétroliers… 

À nouveau réalisé par Ben Stassen, ce film d’animation, aussi fantaisiste soit-il, situe son propos dans l’actualité, évoquant tout au long de son récit des sujets contemporains telles les « fake news » ou l’influence de la publicité et des réseaux sociaux. 

Un ancrage dans le réel bienvenu qui constitue le cheval de bataille de cet excellent réalisateur belge.